Tribunes des 3 positions (28 octobre)...
Chaque semaine, nous consacrons une page à la préparation du congrès du NPA qui aura lieu les 10, 11 et 12 décembre 2010. Cette semaine, nous publions les trois positions qui ont émergé du débat d’orientation du parti.
Une orientation pour les luttes et la construction d'une alternative anticapitaliste
«Vers une crise sociale et politique » écrivions-nous dans notre document d’orientation. Nous y sommes bel et bien, plus tôt et plus profondément même
qu’attendu. Le mouvement social que nous connaissons est nourri par un profond mécontentement populaire qui rejette massivement la politique sarkozyste et ose opposer à la « légalité »
républicaine la légitimité de la rue. Dans ces mobilisations le NPA s'est trouvé « comme un poisson dans l'eau », ses propositions ont rencontré une large sympathie.
Le vote au Sénat vient d'avoir lieu et même si, au stade actuel, il semble difficile d’imposer le retrait, le mouvement social ne peut être considéré comme
défait. Il n’est pas fini et marque un tournant social et politique considérable dont la force va continuer à agir dans les mois qui viennent.
Pour autant il est confronté aujourd'hui à des difficultés et des obstacles : la grève générale reconductible nécessaire pour faire face à l'intransigeance du
pouvoir ne s'est pas développée dans suffisamment de secteurs. Le calendrier fixé par l'intersyndicale tout comme le refus de poser clairement la question de la reconduction n'ont pas
facilité la construction d'un rapport de forces suffisant. Cependant les directions syndicales ont dû accompagner le mouvement et ont été obligées d'aller plus loin que ce qu'elles
souhaitaient.
Notre congrès sera l’occasion de capitaliser les acquis de l’intervention du NPA dans le mouvement pour rassembler, regrouper, et, tous ensemble, entamer la
nouvelle étape de la construction de notre parti.
Cet automne représente pour toutes et tous un nouveau moment constituant de notre parti.
Malgré nos faiblesses et nos modestes forces, nous avons pu vérifier, sur le terrain, la validité de notre projet et de notre orientation. Une orientation
résolument tournée vers le monde du travail et la jeunesse, leurs luttes, une orientation pour faire vivre la démocratie par en bas, aider à l’auto-organisation, une orientation pleinement
indépendante de la gauche libérale et de ses alliés, une orientation unitaire pour contribuer au regroupement de toutes les forces ouvrières et populaires.
Tout au long des dernières semaines, il était clair que le principal souci de la gauche libérale n’était pas le retrait de la loi mais d’accompagner le
mouvement l’œil fixé sur… 2012. Deux orientations se sont confrontées, celle qui reconnaît la légitimité d’une réforme et veut renégocier la loi, et celle qui voulait son retrait et qui, à
travers la bataille contre la loi, lutte pour mettre en échec la politique qui veut faire payer la crise aux classes populaires, politique que la gauche libérale mène en Espagne, en Grèce,
au Portugal.
C’est cette dernière que nous portons. Elle s’inscrit dans la démarche définie par le texte « Nos réponses à la crise ». Et bien des militants commencent à
tirer les leçons de ces semaines de lutte pour préparer la suite. Le NPA est leur instrument, nous voulons contribuer aux évolutions en cours en menant partout le débat sur les perspectives
des luttes sociales et politiques du monde du travail. Ni suivisme ni sectarisme, une orientation pour rassembler, débattre, intervenir dans les mobilisations, construire.
La cohérence et la continuité d’un projet anticapitaliste et révolutionnaire
À quelques semaines du congrès, le parti tout entier est mobilisé sur le terrain des luttes avec la population et les travailleurs qui rejettent massivement
la politique de la droite et du patronat. C’est un encouragement et un soulagement, y compris pour celles et ceux qui ont pu être déçuEs par les dérives du NPA sur le terrain
électoral.
L’accélération de la crise est en train d’ouvrir une nouvelle période, mettant en cause les certitudes du passé sur les vertus du capitalisme et du « dialogue
social », ouvrant de nouvelles opportunités pour les révolutionnaires. Ce ne sont pas uniquement les mesures iniques du gouvernement sur les retraites qui provoquent la colère. C’est
l’injustice accumulée ces dernières années, les milliards donnés aux banquiers qui en ont profité pour spéculer de plus belle, le racisme d’État et la brutalité des interventions
policières, la connivence manifeste entre le pouvoir et les riches et la crise du système à tous les niveaux qui continue inexorablement à broyer les existences et la planète
elle-même.
Une crise d’une telle ampleur n’a rien de linéaire. L’offensive généralisée de la bourgeoisie contre nos conditions de vie peut être synonyme de dangers pour
notre camp social (reflux, démoralisation, atomisation…), mais aussi de possibilités réelles d’accumulation d’expériences de luttes collectives comme nous le montre le mouvement sur les
retraites.
Les illusions institutionnelles peuvent également trouver un nouveau regain dans l’espoir d’un gouvernement vraiment à gauche, « au service de la
population », comme le propage cette prétendue « gauche radicale », antilibérale, à la gauche du Parti socialiste, qui a vite fait de ramener dans le cadre des institutions les
mobilisations et la contestation.
Le rôle de notre parti est de favoriser partout le développement des mobilisations et la nécessité de l’auto-organisation à chaque étape, en expliquant
inlassablement que le véritable « débouché politique » ne pourra se construire qu’au travers des formes de pouvoir que les exploitéEs mettront en place eux-mêmes dans le cadre des
luttes.
Nous devons apprendre à ne pas subir les aléas de la situation. La pire des choses qui nous soit arrivée est d’avoir créé le NPA en février 2009 dans
l’enthousiasme des luttes notamment aux Antilles, en croyant que tout allait arriver très vite, puis d’avoir cédé au découragement en nous engouffrant dans une véritable fuite en avant sur
le terrain électoral. Avant de sombrer peut-être à nouveau dans l’illusion que tout va bien puisque le parti se remobilise dans l’action. Nous devons tirer les bilans. La période ouverte
par la crise et la lutte sur les retraites doivent remettre au centre la perspective stratégique de la grève générale pour en finir avec le capitalisme.
Nous avons besoin de cohérence, de continuité, et donc de repères solides pour les luttes mais également sur le terrain institutionnel. C’est le sens du
combat que nous menons depuis plus d’un an et que nous entendons poursuivre à l’occasion du congrès, sans exclusive, avec tous les camarades du NPA.
Pour la lutte, une orientation unitaire liant social et politique
Le mouvement social contre la réforme des retraites est monté en puissance pour devenir un « mouvement d’ensemble ». Interprofessionnel, intersectoriel,
intergénérationnel, il se dresse non seulement contre la réforme des retraites, mais aussi contre l’indécence des riches et l’arrogance des puissants, la crise qu’ils entendent nous faire
chèrement payer, contre les politiques ultralibérales de destruction des conquêtes sociales, des services publics (école, santé, etc.) et des solidarités, contre le tout-sécuritaire et la
xénophobie d’État… Au-delà de Sarkozy, Woerth et consorts, c’est ce régime et ses institutions qui sont rejetés. C’est tout le système qui est en crise, profondément et
durablement.
Les difficultés rencontrées pour basculer dans une grève générale reconductible renvoient à la situation dégradée de l’emploi, au chômage, à la précarité. Les
blocages, qui n’existent que parce que des secteurs reconduisent des actions de grève reconductible, servent de relais et témoignent d’une conscience largement partagée : pour gagner, il
faut créer un rapport de forces en bloquant l’économie.
Pour développer ce mouvement de contestation globale du pouvoir, le NPA et ses militants se sont résolument engagés dans la mobilisation sociale, sous toutes
ses formes (grèves, manifestations, actions de blocages, etc.). Ils-elles ont ainsi contribué à construire ce front social qui défie le pouvoir, bouleverse la situation et peut transformer
les rapports de forces.
Il reste que des réponses politiques alternatives sont à construire ! Au-delà de l’exigence « qu’ils cèdent ou cèdent la place » portée par les millions de
manifestants…
Ce n’est pas le moindre paradoxe que la direction du PS et son orientation social-libérale puisse tirer son épingle du jeu. Pour traduire la colère sociale
sur le terrain politique, pour offrir une alternative à l’alternance, la construction d’un front social et politique qui s’oppose au pouvoir libéral, qui conteste l’hégémonie du PS à
gauche, est à l’ordre du jour. Le NPA peut et doit être un élément moteur de sa construction… Par en bas, à partir du mouvement, et aussi par en haut en prenant l’initiative
politique !
Là où existent de réelles interpros, il faut proposer aux militantes et aux militants qui se côtoient sur le terrain dans des actions de résistance de se
rassembler dans des comités de lutte ou de mobilisation pour prendre des initiatives politiques. Partout, le NPA cherche à développer les solidarités interprofessionnelles et peut ainsi
contribuer à initier ce front social et politique en prenant des initiatives unitaires qui associent au mouvement social les courants politiques à la gauche du PS, voire des courants du PS
et/ou des Verts. Et il faut qu’une impulsion soit donnée au plan national. Le NPA doit en prendre l’initiative, s’adresser publiquement à l’ensemble des partis et des composantes du
mouvement social qui se battent pour le retrait de la réforme afin de débattre et de construire une alternative au pouvoir du gouvernement et du Medef, clairement indépendante des logiques
social-libérales. Une alternative à une simple alternance qui resterait dans le cadre des institutions de la Ve République.