La migration permanente...

Publié le par NPA 06 Ouest

La Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (Fasti) a tenu son congrès à Aix-en-Provence, du 21 au 24 mai. A 23 ans, ouvrier-paysagiste et militant à Nantes, Lucas Migliasso en est le président. 

 


Qu'est-ce que la Fasti?


Les premières associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (asti) sont nées au début des années 1960, autour des luttes des immigrés dans les bidonvilles de la région parisienne. Coordonnées dès 1966, elles créent, en 1967, une fédération qui compte dès sa naissance une soixantaine d’associations implantées dans toute la France. Orienté au départ sur l’aide quotidienne, l’amélioration des conditions de vie et de travail des personnes immigrées, le travail des asti prend une nouvelle forme avec la fermeture des frontières, en 1974, puis l’officialisation des pratiques de rétention et d'expulsion des personnes immigrées. Aujourd'hui, la diversité des asti et de leurs activités est à l’image de l’ampleur du travail à accomplir. Les militants des asti organisent des cours d’alphabétisation, de français langue étrangère, de soutien à la scolarité, l'aide juridique, l'animation socioculturelle, le logement et les foyers, la domiciliation postale, les activités interculturelles, la solidarité avec les femmes immigrées… Conformément aux orientations fédérales, les asti maintiennent un rapport de forces dans la lutte politique locale et nationale pour la liberté de circuler et de s’installer, aux côtés des collectifs de personnes sans papiers, dans la lutte contre les expulsions, et pour l’annulation de la dette du tiers monde. 


Quels étaient les objectifs de votre congrès à Aix-en-Provence?


« Ensemble pour les droits des migrants », tel était le titre de notre 22e congrès. Fidèle à notre approche pragmatique et solidaire, nous avons travaillé sur les questions d'enfermement, les rapports Nord-Sud et la lutte des femmes. Ainsi, Béatrice Mésini, du Codetras, qui œuvre sur le champ des travailleurs saisonniers migrants, le réseau de réflexion et d'action européen Migreurop, auquel appartient la Fasti, le Centre de recherche et d'informations pour le développement (Crid) ou encore Gilles Lemaire, d'Attac, ont apporté leur expertise. Nos congrès sont l'occasion pour les militants et les bénévoles du mouvement de se retrouver, de s'organiser et d'échanger sur leurs pratiques de solidarité. 


Comment voyez-vous la situation actuelle des immigrés en France et en Europe?


Précarisés, exploités, contrôlés au faciès, raflés, expulsés, la situation des migrants est intolérable. Mais elle n'est pas seulement intolérable sur le territoire français. Elle l'est aussi dans toute l'Europe et, plus largement, dans le monde. Ainsi, les accords de réadmission bafouent les droits humains des personnes étrangères, aussi bien dans les pays dits du Nord que ceux du Sud. Le pacte européen sur les migrations, copié-collé de la politique française, constitue une nouvelle régression du droit des migrants: dix-huit mois de « prison », une police aux frontières confiée à des régimes antidémocratiques. A cette pression indigne, s'ajoute celle qui s'exerce désormais sur les associations d'aide aux personnes migrantes: subventions coupées, mises sur écoute, pressions sur les militants et même arrestations. Le délit de solidarité existe et nous devons le combattre. L'idéologie capitaliste et liberticide voudrait faire de nous des travailleurs dociles, sans conscience, sans humanité: de simples machines humaines qui produiraient de la valeur ajoutée. Mais nous le refusons. Notre combat aux côtés des migrants, travailleurs ou non, est une lutte pour nous tous : leurs droits sont nos droits. 


Quelles sont les luttes et les actions de la Fasti?


La structuration fédérale de notre mouvement nous permet de mener des actions aux niveaux local, national et international. Constants dans notre lutte contre les centres de rétention administrative (CRA), dans la dénonciation des méfaits du néocolonialisme ou encore dans la lutte contre les violences faites aux femmes, nous participons à des réseaux de réflexion et d'action (Migreurop, Adfem, Ucij, CFDA, Anafé…), produisons des outils à destination des 59 asti qui composent le mouvement. Au-delà de cette mission, le rôle de la fédération est mettre en relation les militants et leurs réseaux locaux pour faire face aux tenants du libéralisme, auxquels nous devons opposer un front uni pour combattre toute forme de violence, qu'elle soit politique ou économique. Enfin, depuis sa création, la Fasti prône l'autonomie des luttes des personnes sans papiers, afin qu'elles et ils luttent avec l'appui des organisations nationales. 


Propos recueillis par Miguel Ségui.

Publié dans Social - société...

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