Obama : la réforme du système de santé en panne...

Publié le par NPA 06 Ouest

Le système de santé le plus cher, donc le plus inégalitaire au monde, ne peut être réformé sans s’attaquer aux surprofits d’une médecine privatisée, confiée aux assureurs et aux labos. 

 


Obama a réussi à rassembler sur son nom un vote populaire plein d’espoir de changement, notamment autour de sa proposition de santé universelle, et une bonne partie des votes de la bourgeoisie américaine. Deux forces sociales d’autant plus contradictoires que la crise est là et le déficit public abyssal. Avec la bataille pour la réforme du système de santé, ses outrances et ses enjeux, l’heure de vérité a sonné.


Le système de santé américain est le plus cher du monde, parce qu’il est tout entier entre les mains du privé : assurances, laboratoires pharmaceutiques qui fixent librement les prix et médecins dont les tarifs  sont parmi les plus élevés du monde. Résultat, il engloutit 17,5% du PIB, tout en excluant 46 millions de personnes, 15% de la population. Un chiffre qui s’aggraveavec la crise : perdre son emploi signifie souvent perdre son assurance santé, négociée par l’entreprise. Barack Obama, avant d’accepter de sauver le géant General Motors, a d’ailleurs exigé une attaque en règle contre la convention santé du groupe, arrachée par le puissant syndicat United Auto Workers. Un des leitmotivs de sa réforme est d’ailleurs que la santé coûte trop cher aux entreprises. Des programmes publics comme Medicare pour les personnes âgées et Medicaid pour les soins aux indigents n’apportent qu’une aide très partielle aux malades et déversent surtout des milliards d’aides publiques dans les caisses des assureurs et laboratoires, dont les coûts n’ont été ni réduits ni négociés.


La carte bancaire avant la carte vitale a permis des surprofits colossaux dans certains secteurs du capitalisme américain ! Couvrir mieux, tout en baissant les dépenses des entreprises et garantir les surprofits des assureurs et des labos, est un défi impossible, sur lequel Hilary Clinton s’est déjà cassé les dents. Devant tant d’enjeux financiers, on comprend mieux la vigueur des attaques, en plein été, menée tambour battant par la droite républicaine, les compagnies d’assurances et l’Américan medical Association. Ce qui n’empêche pas ceux qui comparent Obama à Hitler - voulant tuer les malades et les vieux pour réduire les coûts de santé - de négocier tranquillement la réforme au Sénat, au mieux de leurs intérêts.


Un « payeur unique public » qui ferait baisser les prix de la santé, des médicaments, c’est la seule option, portée par la gauche radicale, qui a été écartée clairement par Obama. Lequel se garde bien de présenter une réforme précise, mais laisse le soin au Congrès de trouver un compromis entre entreprises et industries de la santé autour de la question pipée : qui va payer  les 1000 milliards de dollars de la réforme du système de santé, 8% d’augmentation des dépenses annuelles de santé, un doublement du déficit public américain. La droite conservatrice et les lobbies de la santé ont beau jeu de dire « C’est vous, les 250 millions d’américains qui avez déjà du mal à payer votre santé, qui allez payer encore plus, avec des contrôles toujours plus importants pour l’accès aux soins. » Et ce discours marche, faute d’alternative.Pour un accès pour tous aux soins de qualité, pas besoin de 1000 milliards de dollars supplémentaires, il faut réduire le coût de la santé privatisée, en s’attaquant aux surprofits du privé.


Franck Prouhet.

Publié dans International...

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