Crises et... châtiments !
Je sens une société en tension et en usure psychique (…). Avant, on était crevé au boulot, maintenant on est usé dans sa vie, on est tendu tout le temps". Jean-Paul DELEVOYE, ancien ministre du gouvernement RAFFARIN, actuel médiateur de la République, dans son dernier rapport annuel (2009) sur l’état de la société française.
En septembre 2008 éclatait la pire crise financière que le monde moderne ait jamais connu.
Malgré les discours convenus et faussement rassurants de nos gouvernants, celle-ci est non seulement très loin d’être derrière nous, mais ses effets destructeurs continuent de s’amplifier.
Pour preuve, le cas de la Grèce et le sort inquiétant que ses dirigeants, en accord avec la commission européenne, les grandes banques de la zone Euro et le Fonds Monétaire International, que dirige un certain monsieur STRAUSS-KAHN, comptent réserver au peuple hellène.
Destruction de services publics, suppressions massives d’emplois, gel pluriannuel et diminution drastique des salaires, des pensions et des allocations : voici les scandaleuses contre-parties exigées par les « sauveteurs » de la Grèce en échange de leur aide intéressée.
Le peuple qui trinque donc… encore et encore, auquel les puissants imposent les sempiternelles recettes libérales qui ne mènent à rien : privatisation, dérégulation, suppression des acquis sociaux.
Et l’offensive du monde de l’argent sur le monde du travail menace de se propager partout en Europe : après la Grèce, se serait bientôt au tour du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie… de la France ?
Or, les peuples ne sont pas responsables des crises financières.
Celles-ci ne sont que la conséquence prévisible et attendue d’un système économique délirant : le capitalisme, ce « socialisme pour les riches » (Noam Chomsky) qui, avec la complicité coupable des États, offre toujours plus de moyens aux riches de devenir encore plus riches par la spéculation et l’exploitation des travailleurs.
Aux crises succède ainsi toujours la régression sociale de la plus brutale des espèces.
Et dans ce monde où la finance tient tout, ce sont comme toujours les travailleurs qui vont payer la lourde addition laissée par les financiers et autres boursicoteurs. Crise : magnifique exemple d’irresponsabilité de nos responsables et, pour les forces réactionnaires, formidable prétexte pour remettre en cause toutes les conquêtes sociales des travailleurs. « La France vit au-dessus des ses moyens ». « Notre pays ne peut plus continuer à payer des services publics qui coûtent trop chers ». « Les salariés devront travailler plus et plus longtemps pour pouvoir toucher une retraite. » Depuis quelques mois, les médias dociles et inféodés au Pouvoir se complaisent à chanter ces mensonges, histoire de préparer les consciences.
Car rien de cela n’est vrai.
Une répartition différente des richesses n’est en effet JAMAIS envisagée par les politiques de droite. Un sujet tabou ? Ne soyons pas dupes : pour ceux qui dînent régulièrement ensemble au Fouquet’s, c’est effectivement le tabou des tabous. Or, après tout ce qui s’est passé pendant ces derniers mois, après le sauvetage des banques et de la grande industrie à coups de centaines de milliards d’euros d’argent public, oser dire qu’il n’y a pas d’argent pour financer la solidarité entre les générations est une injure.
Mais si nous ne faisons rien, c’est cependant le pire qui nous attend : des conditions de travail dégradées, une protection sociale réduite en miettes et, pour mater toute contestation – pardon, la droite parlerait d’insécurité - une aggravation des mesures répressives et anti-démocratiques...
Alors que faire ? Rien, en espérant une prise de conscience de ceux qui ont déjà plus que le superflu ? Ou agir, pour rassembler tous ceux qui pensent qu’un autre monde est possible . Et travailler de concert afin de créer une véritable alternative politique à la droite et à ses avatars de la social-démocratie : celle d’une vraie gauche de transformation sociale qui assume, enfin, totalement ses idées.
Rossano MOLFESE, militant NPA.