Grèce : la stratégie du choc en direct...

Publié le par NPA 06 Ouest

Selon l'analyse détaillée de Naomie Klein dans son livre « La stratégie du choc, la montée d'un capitalisme financier », les tenants du capitalisme ultra-libéral utilisent depuis 40 ans des techniques plus ou moins occultes pour imposer leurs théories mortifères. De la prise de pouvoir ultra violente de la CIA et de Pinochet au Chili jusqu'au tremblement de terre à Haïti, en passant par l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans, les économistes de l'école dite « de Chicago », menés par Milton Friedman, profitent de l'état de choc des individus et de la société pour imposer des mesures que le fonctionnement ordinaire de la démocratie rendrait impossibles.

 


Il s'agit bien sûr de tout le corpus bien connu des « réformes », plus exactement les contre-réformes visant rien de moins qu'à la suppression de tous les progrès sociaux obtenus depuis une centaine d'années.
Comme le dit Denis Kessler, ancien dirigeant du Medef, il faut « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance», l'application française des politiques keynésiennes d'après-guerre.

La crise financière que subissent les Grecs en ce début 2010 est illustrative de ces techniques d'attaques gravissimes contre les populations. Suite aux offensives spéculatives des marchés financiers contre la Grèce, le gouvernement soi-disant de gauche de Georges Papandréou est en passe d'imposer une série de mesures drastiques contre les Grecs. Une des plus emblématiques est le retardement de l'âge de départ à la retraite de 61 à 63 ans en 2015. (1)

En effet l'occasion est trop bonne, et l'oligarchie mondiale aurait tort de ne pas en profiter puisqu'on lui laisse le champ libre. Car en effet, selon un sondage du 07 février 2010, deux tiers des Grecs encouragent le gouvernement à poursuivre ses « réformes ». Ou comment une population désinformée et sous le choc peut se faire arnaquer dans les grandes largeurs. D'ailleurs sans le savoir, les Européens et plus particulièrement les contribuables allemands participent à l'agression en refusant aux Grecs une solidarité contre les spéculateurs. En effet, ceux-ci se retrouveraient un peu moins triomphants face à une zone euro unie contre eux que face à un seul pays à l'économie modeste et de seulement 11 millions d'habitants.

Privatisation des profits et socialisation des pertes, rien de bien nouveau... Certes, mais il semblerait que le cas de la Grèce aille au-delà. En effet, le gouvernement sortant de Kostas Karamanis (Nouvelle Démocratie, libéral-conservateur) annonçait un déficit de 3, 7 % pour l'année 2009.
Suite à sa victoire aux élections d'octobre 2009, le Pasok, le parti social-démocrate a refait les calculs : le déficit public s'élèverait en fait à la fin 2009 à 12, 7 % du PIB! (2)

D'où vient une telle différence? Il découle du camouflage par les précédents gouvernements grecs d'une dette gigantesque, et ce depuis de nombreuses années. Le bond du déficit ne vient que de la révélation soudaine de la situation.

Les grecs se voient pour l'instant doublement contraints : d'abord à rembourser les spéculateurs; ensuite à se faire rogner leurs retraites et autres protections sociales.

Comment comprendre leur relative passivité ?

C'est tout l'art de la stratégie du choc.


(1) http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/...

(2) http://bruxelles.blogs.liberation.fr/cou...

Publié dans International...

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