M-Real : un collectif unitaire prometteur...

Publié le par NPA 06 Ouest

Les salariés de l'usine de pâte à papier M-Real (Eure) ont lancé le «collectif pour le maintien et le développement de l'emploi», à l’initiative de la CGT, soutenus par de nombreux partis, syndicats et élus. Le bras de fer commence.


Personne ne s'y attendait: lundi 16 novembre, devant toute la presse, 90 salariés (dont 70 collègues venus sur leurs repos) ont lancé le «collectif pour le maintien et le développement de l'emploi», à l’initiative de la CGT, associée à la CGC, suite à la fermeture de l'usine de pâte à papier d'Alizay (Eure). Le MRC, le NPA, le PCF, le PRG, le PS et les Verts, ainsi que les élus des environs, étaient présents.


«Pourtant nous avons hésité à prendre cette initiative», explique notre camarade Thierry Philippot, le secrétaire du comité d'entreprise, «mais il est plus que temps si on veut enrayer la machine infernale! » L'unité de production intégrée fait la force du site. Pourtant, depuis des mois, la machine à papier tourne avec de la pâte recyclée amenée d'Angleterre par 30 camions par jour, au lieu de celle fabriquée sur place. Il a été difficile de convaincre les opérateurs qu’ils sont concernés par ce qui se passe en face. Pourtant, si la combustion des résidus de bois ne fournit plus l’énorme quantité d’énergie nécessaire à la marche des deux unités de production, il faut l’acheter à EDF, comme c'est le cas en ce moment. Donc, si la pâte ne redémarre pas, ce sera la fin du site d’ici deux ans. 150 emplois sont directement concernés (production, maintenance et administratifs) et au moins trois fois plus indirectement (en particulier chez les forestiers). Mais, comme le relevait le bulletin d’entreprise du NPA le mois dernier, les hauts responsables ont une marge de manœuvre que les simples travailleurs n’ont pas: ainsi la DRH s’est reconvertie en responsable régionale à… Pôle emploi ! D’autres partent avec le parachute de la GPEC (contrat suspendu pendant 18 mois «d’essai»), empochent les aides en spéculant sur un PSE pour en palper davantage encore.


Selon les représentants syndicaux, «c’est clair, nous n’avons pas les mêmes intérêts que ces cadres-là: pas les mêmes augmentations, moins de jours de congés, et surtout pas les mêmes chances de retrouver un boulot. Pour nous, il n’y a vraiment qu’une carte à jouer: la lutte collective, solidaire, pour garder notre emploi d’abord et en priorité, et si ça tourne vraiment mal, pour vendre notre peau le plus chèrement possible.»

À Alizay, il y a encore dix mois, 415 salariés fabriquaient environ 300 000 tonnes de pâte et autant de papier par an, grâce à cinq équipes qui travaillaient en continu (avec seulement un week-end libre par mois). Mais après l’arrêt technique normal de février, avec 30000 tonnes d’avance dans les magasins, la production de pâte n’a pas redémarré.
Les ouvriers ont été affectés à des travaux de maintenance ou mis en formation, ce qui ne les a pas vraiment inquiétés.
Mais mois après mois, le redémarrage a été repoussé, pour aboutir en septembre au chômage partiel pour 60 salariés.


Du fait de la pression syndicale, et plus encore de la volonté du groupe finlandais de ne pas faire de vagues tandis qu’il tentait de vendre le site, la perte de revenus est restée limitée à 10% du brut, et l’arrêt prolongé jusqu’au 31 décembre. Or, le redémarrage suppose de lancer pour 3 millions d’euros de travaux, et rien ne vient. Les étrennes pourraient ainsi avoir une allure de plan dit «social».


Pour le collectif unitaire, les objectifs sont clairement définisdans une pétition à vocation de masse : redémarrage immédiat de l’usine de pâte, maintien de tous les emplois tant pour les embauchés que pour les sous-traitants, de nouveaux investissements rapides sur le site (station de désencrage, chaudière biomasse, fabrication de granulés de chauffage…). Des illusions existent sur le résultat des rencontres avec les pouvoirs publics.


Le NPA fera lui tout son possible pour faire vivre la mobilisation, à la fois dans la boîte et à l’extérieur. Dans une région touchée de plein fouet par les licenciements, cette mobilisation peut peut-être aider à coordonner les actions de résistance.


Correspondants.

Publié dans Social - société...

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