Maroc : élections pour contenir l’élan des mobilisations populaires...

Publié le par NPA 06 Ouest

Depuis le début des années 1990, la terre a commencé à trembler sous les pieds de la dictature du fait des conséquences des politiques néolibérales de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui ont entraîné des formes de protestations populaires sans précédent.

La vague révolutionnaire que connaît le Maroc depuis le début de l’année a joué un rôle de catalyseur de ce mouvement de lutte sociale. Les masses populaires descendent par dizaines de milliers dans les rues à côté des jeunes diplômés chômeurs quotidiennement mobilisés. Les petits agriculteurs sortent de leur silence historique dans quelques régions. Le fait marquant dans ce nouveau contexte de lutte, c’est l’apparition du Mouvement du 20 Février (M20) avec ses revendications politiques et ses manifestations qui se sont poursuivies sans relâche depuis plus de neuf mois, malgré la répression et les manœuvres du régime.

 

Afin de détourner les revendications démocratiques du mouvement, le régime a procédé au renouvellement formel de sa Constitution dont le référendum a été boycotté par plus de la moitié des Marocains, et l’organisation des élections pour le renouvellement de sa façade parlementaire. Le M20, la gauche radicale, une partie de la gauche réformiste et la mouvance islamiste Justice et Bienfaisance ont appelé au boycott des élections. Cette position était déjà visible au sein de la population dans les précédentes échéances électorales, notamment celle de 2007 avec un taux de participation officiel qui ne dépassait guère 37 %.

 
Contrairement au résultat trompeur d’un taux de participation de 45 % annoncé par le régime pour ces élections du 25 novembre, le taux réel, en utilisant les chiffres officiels, est de 21 %. En effet, le nombre des Marocains en âge de voter est de 21 millions, celui d’inscrits de 13, 5 millions. Le nombre de votants est de 6, 1 millions et celui des bulletins nuls 1, 6 million.

 

Il est clair pour tout le monde que le pouvoir tient à favoriser le Parti de la justice et du développement (PJD), un parti islamiste modéré, qu’il a créé en 1996 pour contrecarrer l’influence de la mouvance islamiste radicale. Le PJD a finalement gagné 107 sièges sur un total de 395. C’est une preuve que le régime joue ses dernières cartes de choix des partis politiques. Le roi Hassan II a déjà utilisé la carte de l’USFP, qui dominait la scène des luttes notamment syndicales par le biais de la Confédération démocratique du travail (CDT) et avec une longue histoire d’opposition, pour sauver son régime de « la crise cardiaque » et garantir une transition tranquille. Le choix du PJD répond à une nécessité politique de changer un peu les figures des anciens partis de soutien largement discrédités, d’apparaître en parfaite harmonie avec la percée électorale des mouvements islamistes dans les processus électoraux en cours dans la région arabe, de prétendre suivre l’élan démocratique en cours, et de dire aux centres impérialistes que le Maroc est en train de réussir le changement conduit par le roi et sa nouvelle constitution.

 

Mais le régime ne peut pas contrôler la situation explosive en utilisant le PJD, qui n’a pas d’enracinement sur la scène de lutte et s’est contenté d’un charlatanisme moral creux, sans jamais s’opposer aux politiques néolibérales et aux institutions financières internationales qui sapent la souveraineté du pays, détruisent les acquis et augmentent la pauvreté. Tout le mécanisme politique par lequel le pouvoir essaye de camoufler sa nature despotique est en train de perdre profondément sa légitimité aux yeux des masses populaires qui ont exprimé leur refus par un taux d’abstention élevé, et par les grandes marches du 20 novembre (cinq jours avant les élections) dans près de 70 villes et villages à l’appel du M20, et celles du 27 novembre (deux jours après).

 

Cette grande mobilisation est qualitative et vraiment historique au Maroc. Elle constitue une première étape sur le chemin d’un changement radical des institutions du roi. Le devoir des révolutionnaires est de continuer le combat pour le renforcement du mouvement de lutte pour la démocratie et la justice sociale en élargissant la base du M20 par une participation active du mouvement syndical, des jeunes étudiants et élèves, des diplômés chômeurs et des catégories sociales paupérisées en lutte dans les quartiers populaires et les régions marginalisées.

 

Ziyad (Courant Al Mounadil-a).

Publié dans International...

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