Régionales 2010 dans le 06 : intervention de Florence Ciaravola sur le féminisme...

Publié le par NPA 06 Ouest

Intervention de Florence Ciaravola, les Alternatifs.
Tête de liste 06 aux élections régionales 2010.
Pour une gauche 100% sociale et écologiste.

Hier c'était le 8 mars , journée de luttes et de mobilisation partout dans le monde pour les droits des femmes.

Ce 8 mars avait quelque chose de particulier En une seule date, ce 8 mars 2010,  célébrait  le centième anniversaire de la Journée internationale de luttes de femmes, l'ouverture de la 3ème Marche Mondiale des Femmes contre les violences et la pauvreté , et également les 40 ans du MLF.

De multiples rassemblements, manifestations débats ont eu lieu partout en France comme hier à Nice , Avignon, Gardanne ou à Marseille.... à l'initiative de collectifs dont nous faisons partie depuis de nombreuses années.

Cette journée rend visibles les inégalités et les discriminations dont les femmes sont victimes Elle rappelle que nous avons acquis des droits grâce à nos luttes mais que le chemin est encore long pour une réelle égalité entre les hommes et les femmes et pour la reconnaissance de nos droits spécifiques.

CONSTATS :

Certain-e-s pensent qu'il est inutile d'être féministe, que l'égalité hommes/femmes est  acquise, parce qu'il y a des lois...
La réalité est très différente : des lois, aussi bonnes soient-elles, ne sont pas appliquées si les moyens financiers et la motivation politique ne suivent pas. Malgré toutes ces lois, les écarts continuent donc de se creuser.
Certains chiffres  parlent d'eux mêmes !
Salaires Les salaires des femmes sont inférieurs en moyenne de 27 % à ceux des hommes ;
De plus, les femmes n’exercent majoritairement ni dans les mêmes secteurs ni aux mêmes postes que les hommes. 71,8% des emplois féminins sont concentrés dans 6 catégories professionnelles, les emplois déjà les plus féminisés et de niveau hiérarchique limité:  communication, social, éducation,  santé, administration…

L’accès aux postes à responsabilité reste fermé aux femmes  plus on monte dans la hiérachie moins il y a de femmes : seulement 11% des membres de conseils d’administration et 4% des PDG sont des femmes. On ne compte que 26 % de femmes parmi les cadres du secteur privé, 7 % parmi les cadres dirigeants des 5000 premières entreprises françaises …le « plafond de verre » persiste.

A l'inverse :
Précarité Les femmes représentent 80 % des travailleurs pauvres ; 82 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes ;
Retraites  leurs retraites sont en moyenne inférieure de 600 euros par mois ; Entre 65 et 69 ans, les pensions de droit direct sont en moyenne deux fois moins élevées que celles des hommes : 732 € par mois pour les femmes, contre 1532 € pour les hommes.

Prenons un autre domaine que l'emploi :
Représentativité des femmes  en politique ????
Malgré la loi sur la parité il n'y a que
18,5 % de femmes à l'Assemblée nationale,
35% de conseillères municipales ,
13% des mairesses
Et la situation va s'aggraver avec le projet de réforme territoriale...
C'est un projet fondamentalement antidémocratique, il va diminuer le pouvoir des assemblées, renforcer le rôle de l'Etat et puisqu'il prévoit le scrutin uninominal à un tour.
C'en sera  donc quasiment fini la proportionnelle,et de la parité.

Et puis il y a la question des Violences faites au femmes : 
Une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ; Une femme est violée toutes les 10 minutes ; 48 000 femmes par an (2002) ;
L'ampleur de ces violences qui touchent l'ensemble des catégories sociales. Elles ne sont pas le fait de pathologies individuelles, mais plutôt la conséquence d'un système patriarcal persistant qui considère que les femmes sont inférieures aux hommes. Dans un pays qui se prétend démocratique, égalitaire, et luttant contre les injustices, cette complaisance est inacceptable.
Complaisance que l'on retrouve face à la prostitution et à la traite des êtres humains , exploitation des corps qui prend sa source  tant dans la domination masculine que dans le capitalisme   et la mondialisation libérale (puisqu'il s'agit bien faire des profits en exploitant la misère).

Les femmes migrantes sont doublement discriminées, comme femmes et étrangères.
Les femmes sans papiers sont privées de tous les droits, leur travail n'est pas reconnu et elles sont menacées d'expulsion.
Afghanes, encore et toujours oubliées dans le honteux processus de «réconciliation» avec les talibans ;
Iraniennes, en but à la répression d'un régime d'un autre temps ; Congolaises, utilisées comme butin de guerre ; et, dans tant d'autres pays, encore des millions de femmes victimes d'un système patriarcal arriéré et meurtrier où le corps des femmes reste un enjeu de pouvoir.

En terme de droit spécifiques,  la situation est critique !
Le droit des femmes à disposer de leur corps est attaqué :
Non seulement , 35 ans après le vote de la loi légalisant l’IVG , les lois ne sont pas appliquées par manque de moyens ou de volonté politique
5000 femmes partent chaque année à l’étranger pour avorter, d'autres sont obligées d'avoir recours aux cliniques privées.
Les fermetures de centres IVG , s'inscrivent dans la politique de démantèlement de l'hôpital public. Elles représentent aujourd'hui une des  principales menaces contre le droit à l'avortement.
Ces attaques s'accompagnent d'une dégradation du système de santé et de protection sociale, et, plus généralement, de la casse du service public .
La casse des services publics (santé, petite enfance, etc.) menace tout particulièrement l’autonomie des femmes.

EXPLICATIONS ?

Ce constat accablant montre que nous vivons toujours dans un système patriarcal fondé sur la domination des hommes sur les femmes et que notre société fonctionne bien sur des stéréotypes de genre ; l'homme masculin et la femme féminine
Cette inégalité hommes femmes  est la plus ancienne inégalité , la plus répandue, elle traverse tous les pays, toutes les classes sociales et partout les rapports sociaux portent la domination masculine. 
Pour nous, ça commence dès la naissance , avec les jouets par exemple aux garçons les armes les voitures le bricolage et les jeux d'aventure , aux filles les poupées le maquillage et le ménage pour faire « tout comme maman! »
Ça continue à l'école où quoique l'on en dise on n'attend pas les même résultats ni les mêmes comportements des filles et des garçons (clichés qui font que  filles vont en lettres et les garçons en math), les conséquences directes sont les choix faits lors de l'orientation et donc des métiers exercés.
Donc,  les filles et les garçons n'évoluent pas dans les mêmes sphères, ne font pas les mêmes métiers n'ont pas les mêmes salaires.
Il y a encore un gros travail à faire au niveau de l'éducation  contre les stéréotypes et les clichés sexistes.

Il faut aussi redire que toutes les hiérarchies religieuses portent, renforcent et justifient la domination masculine notamment en ce qui concerne le corps des femmes.

Enfin nous sommes dans une économie capitaliste  mondialisée.
On sait bien  que le capitalisme  et sa mondialisation s’appuient sur les inégalités existantes et elles les aggravent, qu’il s’agisse des inégalités entre les pays du Nord et du Sud ; des inégalités à  l'intérieur même des pays ; elle plus encore les inégalités entre les hommes et les femmes

Et les femmes sont les plus durement touchées parce qu'elles ont déjà une situation subalterne dans la société . . que ce soit à l’école, au travail, au sein de la famille ou dans la vie publique

C’est  bien l’action conjointe de la domination masculine et du libéralisme qui fait des femmes les principales oppressées.

ET LE LIEN AVEC LA RÉGION ?

Là non plus,  La Région n'a pas suffisamment utilisé les moyens d'action dont elle dispose . Il est indispensable que la région s 'engage dans une  politique active en faveur des droits des femmes.

La première initiative de la Région devra être de signer et d'appliquer la « Charte Européenne pour l’égalité des hommes et des femmes dans la vie locale »
Elle fixe les grandes lignes d’une politique égalitaire des collectivités locales pour ce qui est des politiques spécifiques de la région, emploi, transports, formation , aménagement mais aussi dans les appels d’offre, en vérifiant par exemple, que les entreprises retenues aient une politique salariale correcte  et sans discrimination.

C'est pourquoi nous demandons la création d'une mission régionale « Égalité femmes/ hommes » dont l'objectif est l’intégration de la dimension du genre dans toutes les politiques régionales

Un des objectifs de la région doit être de favoriser la participation  des femmes à la vie publique et  à toutes les sphères de décision, en particulier par l'application stricte de la parité et le non cumul des mandats.

La région devra contribuer au développement des centres de planification, des centres IVG et assurer la gratuité des moyens de contraception. Elle coordonnera  et mettra en œuvre de façon systématique et suivie une politique de prévention contre les violences faites aux femmes.

Les mouvements et associations qui œuvrent pour la défense et la promotion des droits des femmes seront aidés.

EN CONCLUSION :

Il faut continuer à construire ensemble  un projet alternatif de société féministe,  basé sur l'émancipation humaine individuelle et collective , visant  le dépassement de toutes les oppressions et toutes les discriminations , qui conjugue féminisme et autogestion.

Nous devons articuler, en parallèle,  les luttes contre la domination masculine et celles contre le capitalisme

Publié dans Droits des femmes...

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